Le Conseil canadien de protection des animaux (CCPA) aura 50 ans le 30 janvier 2018. C’est l’occasion de réfléchir aux événements marquants de notre histoire. Depuis ses modestes débuts, le CCPA est devenu une solide organisation nationale qui s’appuie sur l’engagement et la compétence de milliers de scientifiques, vétérinaires, spécialistes en matière de bien-être animal et membres du public ainsi que de nombreux autres intervenants dont la précieuse collaboration aide le CCPA à réaliser son mandat.
La fin des années 1950 et le début des années 1960 représentent une période de croissance phénoménale au Canada pour la recherche, notamment en sciences biomédicales. Parallèlement à cette croissance, il y avait le souci grandissant de la population envers le traitement éthique des animaux en science pour susciter une science responsable. Dans ce climat, la population canadienne et la communauté scientifique ont demandé la mise en place de mécanismes pour veiller au traitement sans cruauté des animaux en science.
En 1963, le Conseil de recherches médicales du Canada (CRMC) propose au Conseil national de recherches du Canada (CNRC) de créer un comité pour examiner la question des animaux de laboratoire dans les sciences au Canada. Le but est de formuler des recommandations, si nécessaire, pour des améliorations dans les domaines de l’acquisition et de la production d’animaux de laboratoire, des installations destinées à ces animaux et du contrôle exercé sur les travaux faisant appel à des animaux.
Un comité de spécialistes est mis sur pied par le CNRC pour examiner la question des soins aux animaux de laboratoire. Pendant deux ans, le comité mène des consultations avec les organisations tenantes du bien-être animal, les ministères fédéraux, l’Association des universités et collèges du Canada (maintenant Universités Canada) et les facultés de médecine. Il examine également le mémoire préparé par le ministère de la Justice et celui du ministère de la Santé nationale et du Bien-être social, et consulte les procureurs généraux de toutes les provinces concernant la législation en vigueur.
Le rapport de ce comité spécial sur le soin des animaux d’expérimentation, remis en juin 1966, reconnaît que les lois régissant l’inspection des installations utilisées pour l’enseignement et la recherche devraient être une question provinciale. Ce document recommande entre autres la mise en place d’un réseau national pour une approche volontaire consensuelle, de préférence à une approche législative au moyen de visites réglementaires effectuées par des inspecteurs du gouvernement. Parmi les autres recommandations faites, notons celle pour l’évaluation du mérite scientifique de la recherche faisant appel à des animaux effectuée par les organismes subventionnaires fédéraux, et celle pour la création de comités de protection des animaux (composés de personnes d’un même établissement) dans tous les établissements où des animaux d’expérimentation sont utilisés en science.
Enfin, le comité préconise la fondation d’un organisme consultatif indépendant, le CCPA, pour assurer une mise en application uniforme de lignes directrices au Canada et pour aider les comités de protection des animaux à mettre en œuvre efficacement des directives liées aux animaux d’expérimentation (acquisition, installations, soins, procédures). Cette proposition recommande que le CCPA soit créé sous l’égide de l’Association des universités et collèges du Canada et que ses membres fondateurs soient des représentants de onze organisations.
Une étude de faisabilité de la proposition est alors confiée à par Universités Canada à un expert renommé dans le domaine du bien-être animal, le docteur Harry C. Rowsell. Dans ce cadre, trente-neuf universités et collèges au Canada ainsi que les dix ministères provinciaux de l’agriculture sont consultés. L’étude démontre que tous sont en faveur de la création du CCPA et que le milieu scientifique canadien appuie les recommandations contenues dans le rapport du CNRC.
Le CCPA voit donc le jour en 1968, et le docteur Rowsell qui avait recommandé la création de cette organisation en devient le premier directeur général.
Dans son rapport remis en 1967, le docteur Rowsell a souligné l’importance d’assurer la qualité des évaluations. Il recommande que les évaluations soient effectuées par une équipe composée d’examinateurs expérimentés dans des domaines variés qui sont intègres, font preuve de tact et de fermeté, sont sensibles aux questions du bien-être des animaux et ont des connaissances pratiques à ce sujet. Le rapport introduit également l’idée d’un certificat d’accréditation qui confirme que les soins aux animaux d’expérimentation répondent aux exigences, une idée qui est mise en œuvre en 1998 avec la création du certificat de Bonnes pratiques animales – BPAMD du CCPA.
Dès janvier 1968, le CCPA établit la première équipe pour l’évaluation des installations pour animaux et des procédures expérimentales effectuées avec des animaux dans des établissements et un groupe de ressources pour fournir des conseils sur le contenu de nouveaux documents et sur la création ou la révision de programmes.
À la fin de son premier exercice, le CCPA publie un document de cinquante pages intitulé Soins à prodiguer aux animaux d’expérience : un guide pour le Canada, une introduction aux volumes 1 et 2 du Manuel sur le soin et l’utilisation des animaux d’expérimentation. Depuis, le CCPA a publié des dizaines de documents de lignes directrices qui reposent sur les manuels d’introduction et sur le principe des Trois R, une référence acceptée internationalement dans le cadre de la science faisant appel à des animaux. Ce principe est au cœur des normes du CCPA et encourage l’adoption de stratégies de remplacement, de réduction et de raffinement.
Depuis la publication du rapport du docteur Rowsell, il y a plus de 50 ans de cela, le CCPA s’est distingué comme un chef de file en matière d’assurance de la qualité pour la recherche éthique faisant appel à des animaux. Notre communauté compte maintenant près de 200 comités de protection des animaux et plus de 2000 bénévoles dans l’ensemble du pays, et toutes ces personnes sont résolues à s’assurer du respect de normes rigoureuses en matière d’éthique animale et de soins aux animaux en science au Canada. Grâce aux efforts passés et présents de cette communauté, le Canada est toujours un chef de file mondial et le CCPA peut continuer d’améliorer les normes éthiques en science faisant appel à des animaux.